Made in Chablais : Le Fournil du Chablais face à la crise sanitaire
L’histoire du Fournil du Chablais, c’est celle d’une entreprise familiale qui a su conquérir le palais du Chablais, avec une production artisanale de pains, pâtisseries et viennoiseries.
Aujourd’hui, Le Fournil emploie 76 personnes et compte 9 boutiques à Thonon-les-Bains, Publier St-Paul-en-Chablais et Evian-les-Bains.
Philippe Bainier, le dirigeant du Fournil du Chablais, nous fait part de ses doutes, de ses espoirs et des difficultés qu’il tente, avec ses équipes, de surmonter.
Pouvez-vous poursuivre votre activité ?
Philippe Bainier : "Oui, nous faisons partie des commerces essentiels à la population. Et nous en sommes fiers. C’est le sentiment qui a émergé chez nos boulangers-pâtissiers, car le pain a une haute valeur symbolique !"
A quoi ressemble votre routine de travail désormais ?
Philippe Bainier : "Elle consiste à maintenir tous nos magasins ouverts malgré un personnel réduit en vente (garde d’enfant principalement). Inversement, nous avons dû avoir recours au chômage partiel pour nos pâtissiers, viennois ou traiteurs qui subissent une baisse d’activité. Certains ont préféré poser des CP, afin de ne pas avoir de perte de salaire."
Quelles mesures sanitaires avez-vous instauré ?
Philippe Bainier : "Nous avons mis en place des sens de circulations dans les magasins, des panneaux de plexiglass, des masques. Pour les gants, le lavage des mains et le gel hydroalcoolique, c’étaient déjà des mesures habituelles chez nous ! La distanciation, cependant, n’est pas évidente quand on travaille en équipe... Pour le nettoyage des surfaces, nous avons multiplié la fréquence de passage, mais c’est une procédure habituelle dans nos métiers."
Qu’est-ce qui est le plus difficile, en tant que chef d’entreprise durant cette période ?
Philippe Bainier : "Le plus difficile est de rester positif devant ces équipes malgré les soucis et la trésorerie qui s’étiole... Se vouloir rassurant auprès de son personnel et entretenir la communication pour éviter toute désinformation. En même temps, j’ai un personnel très impliqué, donc ils sont en droit de savoir quelles mesures ont été prises pour assurer la pérennité de l’entreprise."
Cette pause générale (et imposée) peut-elle revêtir des aspects salutaires ?
Philippe Bainier : "Nous avons eu confirmation qu’il existait un véritable attachement pour cette entreprise. Donc tout le monde est en ordre de marche pour remonter la pente et surmonter la crise."
Comment voyez-vous les prochains mois ?
Philippe Bainier : "On espère qu’il y aura un retour à la « normale » même si on anticipe et redoute une forte baisse d’activité. De toute façon, nous sommes interdépendants. D’autres commerces ont encore plus souffert que nous, leurs salariés seront en situation précaire, ne consommerons pas ou peu, etc…"
D’après vous, quel impact cette crise sanitaire va-t-elle avoir sur le Chablais (et le bassin lémanique) ?
Philippe Bainier : "Un peu de peur concernant l’économie du Chablais et les frontaliers, comme je l’ai abordé ci-dessus.
La saison de ski a été écourtée, qu’en sera -t-il de l’été ? Le seul aspect positif, que je perçois, c’est un intérêt grandissant pour une consommation plus locale et artisanale. Je pense que certaines habitudes sont prises et le consommateur va se soucier de maintenir une production de qualité, facilement et rapidement disponible (qui ne dépend pas d’un autre continent… !). Par contre, attention aux faux apôtres du « Localwashing » !"
Un message ou une initiative à partager ?
Philippe Bainier : "Cette crise a fait émerger beaucoup de mouvements d’échanges, de partages, et d’entraides. Ça serait bien qu’il en reste un peu après le confinement !"